Bruine

Comme un voile qui se dépose devant ses yeux, des larmes qui perlent au bord des cils.

Elle cligne les paupières, elles coulent sur ses joues.

Elle n'est pas triste, juste mélancolique.

Elle n'est pas en colère, mais ses nerfs jouent sous sa peau à la tirailler de toute part.

Elle étrangle un sanglot, pour finalement le laisser exploser à plein poumon, elle crie, elle pleure, elle évacue cette boule oppressante.

La bruine de ce jour de fête envahie le paysage qui se devait être tout blanc en cette période.

A la place des flocons, ce sont des gouttelettes froides qui tombent du ciel brumeux.

Les vitres s'embuent, il fait froid, mais pas assez pour ralentir le temps d'hiver.

La nostalgie la gagne, c'est un moment spécial, qu'elle n'arrive pas à mettre en joie totalement.

Son cœur n'est ni triste ni heureux, son âme n'est ni sourire ni peine.

Elle effleure son pull de laine, elle se pelotonne dans son plaid, elle est fatiguée.

La nuit est passée, la bruine s'étend dans l'horizon  de sa fenêtre.

Le petit matin sonne la liesse du bonheur des enfants.

Elle efface d'un geste rapide la rosée qui s'est déposée.

Elle se frotte les yeux, et met son sourire des beaux jours.

La bruine qui habite les rues, qui habite son corps, sont le parallèle de son humeur.

Elle ne sait pas pourquoi toujours elle se sent mal alors qu'elle devrait être bien.

Cela fait des années que ça dure.

La mémoire lui revient sur des saisons difficiles, peu d'heures heureuses dans ses souvenirs.

Mais elle décide de faire fi de cette bruine qui alourdit ses paupières closes.

Il ne pleut pas fort, juste une petite bruine qui forment des flaques sur le trottoir où elle marche.

Elle ne sort pas le parapluie, elle supporte l'humidité qui se pose sur ses cheveux.

Elle remonte son écharpe, et laisse échapper un soupir d'aise.

Elle n'est pas vraiment soulagée, mais la grisaille disparait déjà.

Le soleil ne reviendra pas aujourd'hui, la bruine s'est installée là où elle demeure.