Comme celle que l'on verse sur le front du baptisé, bénite, comme une renaissance le jour de foi. Comme celle qui se déverse sur notre corps, en ablution, en purification. Comme celle qui tombe du ciel, orageuse, froide, chaude, au gré du temps et des saisons. Comme celle défilant le long des rivières, des fleuves, en cascade, fluide, paisible ou tumultueuse pour se jeter dans les mers et les océans. Comme celle, priée, souhaitée, tant la sécheresse aura rendu les terres arides, sablonneuse, terreuse, dans une nature appauvrie et mourante. Comme celle qui sort de l'arrosoir, du tuyaux, du robinet...
Il est tôt, ou tard, en ce dimanche matin. La nuit fût très courte. La nuit fut agitée. Elle se lève et ouvre grand la fenêtre. L'air frais de cette matinée printanière la saisit. Elle revêt après sa toilette une tenue fluide, légère, confortable pour une journée de repos. Elle la choisit verte, sa couleur préférée, après le noir, celle de l'espoir. Elle regarde les photos de sa soirée d'hier. Celle d'un plongeon dans le passé avec la musique qu'elle adorait écouter à cette époque. Elle a dansé et chanté, sourire aux lèvres, oubliant les soucis le temps d'un instant. Cela faisait longtemps qu'elle...
On crispe la mâchoire, on ravale ses larmes, les poings dans les poches, on avance tout de go et on affronte. Sans vis-à-vis, même derrière les murs, cette voix qui s'élève se répercute en écho du passé. Elle ne s'adresse pas directement, elle n'est même pas dédiée, mais elle fracasse à nouveau à travers la peau. Alors les dents serrées, on entre et on encaisse sans montrer le signe d'infection. Les mots oppressés dans la bouche, tus ou murmurés, les cris en silence, les hurlements pleurnichant se sont scellés pendants des années. Ce qui a été dit, prononcé, dénoncé, a été bafoué, démenti, insulté....
Une fontaine qui jaillit au milieu du désert spatial, quand tout doit être expulsé pour ne plus être ressenti comme un mal-être, un désarroi, un dépit. Dans les profondeurs les plus abyssales de l'univers, un volcan synthétique fait de toutes les émotions contradictoires qui envahissent notre moi intérieur. Ce précipice qui révulse et se soulève pour extirper les torpeurs de l'âme, les chagrins d'enfant, les maladresses de notre présent. Ce trou noir qui a englouti les petites imperfections et les grandes erreurs de l'humanité, celles qui s'entassent jusqu'au trop plein de la mémoire. Un astre...
Comme un mal qui s'insuffle en soi, dans son corps, dans son cœur et son âme. Un fléau qui alourdit le poids sur les épaules, lesté de mille pensées et de mille émotions. Une épine de rose noire enfoncée dans la chair, sous la peau, à peine visible à l'œil nu. L'écharde qui écorche le doigt, le talon, qui lézarde d'un morceau de bois une infime partie de l'épiderme mais qui empêche de guérir si elle n'est pas retirée. Une entaille où déferle une goutte de sang, si minime face aux douleurs plus grandes. Pas de déferlantes hémorragiques, juste un suintement désagréable quand la plaie reste ouverte....
C'est comme un écho qui se répète dans les hauteurs montagnardes, comme un son strident qui larsen dans nos oreilles, un film qu'on rembobine à l'infini, un refrain entêtant qu'on met en boucle sur la platine. Ces galets qui frôlent la surface de l'eau en faisant des ricochets, venant troubler le calme apparent qui y régnait, formant des sphères et des spirales entraînant dans un tourbillon le caillou devenu trop lourd pour cet élément si lisse. Le cercle vicieux de nos vies, qui ressasse inlassablement les tourments et les torpeurs, les doutes et les craintes, mais qui ne reflètent pas légitimement...
A travers la porte, je l'ai entendue, cette voix que j'ai tant aimée et tant haïe, celle que j'ai tant désirée et tant redoutée, celle qui susurrait et celle qui hurlait, celle qui accompagnait mes pas et celle qui m'a fait mettre le genou à terre. Alors que l'angoisse était déjà au creux de mon ventre, la boule de nerf se développait insinueusement dans chacune de mes entrailles, s'infiltrant à chaque inspiration, se localisant au bord des yeux. Les larmes ont trouvé leur voie sur mes cils non maquillés, sans fard, sans facétie, prêtes à couler aux moindre prémices de leur crainte. Ces voix s'élevaient...
C'est là tapis en moi, au creux du ventre, en plein milieu de l'estomac. ça se tord dans tous les sens, ça tourbillonne et s'emmêle, ça fait un nœud dans l'intestin. Une pelote de laine en tournicoti, un fatras enchevêtré qui forme une boule de nerf. Une sensation désagréable du soir au matin, du lever au coucher. J'y pense même quand je crois ne pas le faire. ça m'habite en dedans et en dehors. J'imagine, je visualise, je crains, je redoute, j'ai peur. Et je les vois ne rien montrer de cette boule de nerf qui doit s'insérer en elles. Je ne dis rien, ou je murmure dans mes paroles. J'esquisse,...
/image%2F1849449%2F20240331%2Fob_30c212_l-eau-qui-coule.jpg)
/image%2F1849449%2F20240324%2Fob_770bfe_vert-espoir.jpg)
/image%2F1849449%2F20240323%2Fob_7fc6d0_dents-serrees.jpg)
/image%2F1849449%2F20240319%2Fob_9f284d_trou-blanc.jpg)
/image%2F1849449%2F20240317%2Fob_6e0f7c_l-echarde.jpg)
/image%2F1849449%2F20240316%2Fob_f760ca_ricochets.jpg)
/image%2F1849449%2F20240310%2Fob_f866c0_la-voix.jpeg)
/file%2F1849449%2F20240303%2Fob_ab2525_boule-de-nerf.jpg%21w700wp)