Désolé
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S. Kristol exposition
Ce mot part en désuétude, il est banalisé, donné sans plus aucun sens, comme s'il suffisait à tout réparer.
En amour, en amitié, au boulot, entre simples inconnus, il est prononcé sans plus y croire, sans le penser vraiment, comme une excuse bidon à tout dysfonctionnement.
Une agressivité, une insulte, un reproche, une déception, un incident, et on l'emploie à tous les temps.
Faire de la peine, déchirer le cœur, blesser dans l'âme et on pense qu'en utilisant ce simple mot tout redeviendra à la normale.
Etre désolé maintenant n'a plus de définition correcte, car plus personne ne sait comment l'exprimer sincèrement.
Aimer n'est plus ce qu'il était non plus, partager, échanger, avoir des sentiments, tout devient dérisoire, alors décevoir dans les émotions, n'est que futilité.
Il suffit de souffler cet adjectif tant usité inutilement pour croire que tout est pardonné.
La guérison n'en sera pas moins douloureuse, la plaie ne sera pas pansée plus vite, les larmes ne se tariront pas sans excès.
On fait du tort, on lèse, par les paroles, par les actes, par les silences, et la désolation envoyée vous empoigne comme un lasso autour du cou.
On se souvient, on revient, on caresse subtilement, on regarde en murmurant ce mot qui peut être doux à entendre quand on l'attend avec impatience.
Mais le souhaiter à mauvais escient ne fait qu'aggraver la situation grotesque dans laquelle on a glissé.
" Je suis désolé, tu es désolé"...une conjugaison au présent qui fait partie du passé car le futur n'est plus clair à l'horizon.
On s'entoure de brume obscure qui cache les vrais ressentis.
On s'invente des histoires où tout sera relégué en arrière plan.
On s'imagine que tout passera, et qu'on fera fi des cicatrices encore à vif.
On se plantera là et on fera demi-tour à la moindre occasion.
On oubliera, et on recommencera, sans respect, sans répit, sans véritable attitudes positives.
Etre désolé ce n'est pas omettre, ce n'est pas ignorer, ce n'est pas taire, c'est être honnête, vrai, sincère et le penser charitablement.
Désolé de remettre les points sur les i, mais il me doit de rétablir la vraie connexion.
Celle qui fait battre le cardio, celle qui enflamme quand on s'enlace, celle qui pleure quand on s'ouvre l'un à l'autre, celle qui ne s'éteint pas à la moindre étincelle.
La connexion est mise au point pour que deux être se reconnaissent, se recentrent, se projettent, s'unissent dans la vive émotion qu'est le pardon.
Que ce soit sur Terre, ou dans les cieux, celle qui priera pour les esseulés, les pêcheurs, les croyant ou non, mais ceux qui repentissent les maux occasionnés.
Désolé à l'aube du jour, désolé au coucher du soleil, désolé dans les nuits noires sans étoiles, désolé sous le soleil éblouissant, désolé de toi à moi, de lui à elle, de vous à nous, de toi à moi, mais désole toi de ce que tu as, et demeure ce que tu es, mais ne deviens pas ce qui n'est plus.
Le vrai sens de ce mot réside dans ce qui est, ce que tu es, ce qu'ils sont, ce que nous sommes, et ce qui sera.
Désolé...
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