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une pensée pour panser mes états d'âmes, mes envies, mes doutes, l'envie de partager mes pensées éphémères, mes idées...un journal non intime

Flot

Sylvia
Flot

Je pensais être plus forte, mais ce flot a déferlé sur moi sans crier gare, tel un tsunami, il m'a submergé de toute part.

J'ai été engloutie, j'ai bu la tasse, je suis remontée à la surface, mais des vagues plus grosses se déversaient sur mon dos, ma nuque, mes épaules, au point de sombrer au plus profond du grand bleu.

Quand j'émergeais, je reprenais de l'air à plein poumons, mais la pression était trop forte, l'écume me rattrapait fugacement, m'irritant les yeux.

Je bloquais ma respiration, pour replonger dans les abysses maritimes, ou mes pensées s'évadaient vers des horizons plus calmes et plus sereins.

J'étais fatiguée, épuisée. L'énergie vitale se vidait de mon esprit, de tout mon corps. Mes larmes se mêlaient à cette eau salée amère, qui s'écoulaient sur mes joues, sur mes lèvres meurtries.

Je battais des bras et des jambes pour flotter le plus longtemps possible, avant que les crampes ne faiblissent mes muscles endoloris.

Je voyais une terre lointaine, j'avais toujours espoir de nager jusque-là et de m'étendre enfin, apaisée sur le sable doré.

Dans ce flot tourbillonnant, je ne reconnaissais pas ma détresse. J'étais pourtant sûre que j'avais relevé tous les obstacles, mais ce dernier m'avait désarçonnée, me jetant littéralement dans cette eau froide, glaciale.

Je n'avais plus chavirée depuis de nombreuses années.

Les pirates qui avait saccagé ma chaloupe, ne m'avaient pas touchée, j'avais échappé à toutes les représailles, à toutes les tempêtes, tous les ouragans.

Ma boussole me montrait le nord, l'île au trésor, j'y étais presque.

Mais ce flot en pleine mer, dans l'œil du cyclone, m'a surprise, et m'a fait échouée au beau milieu de cette étendue affolante, angoissante, terrifiante.

Je ne renoncerai pas, j'avancerai coûte que coûte, jusqu'à ne plus sentir aucune fibre dans mes membres, aussi douloureux que cela pourrait être, je redoublerais d'acharnement, et je traverserai ce flot gigantesque qui se forme devant moi.

Je laisserai dans mon sillage des effluves de mon passage, une douce accalmie après la tornade.

Le flot tumultueux redeviendra lisse et limpide, translucide, laissant apercevoir les merveilles sous-marines.

Ce flot ne m'avalera pas dans ses entrailles, toujours je me relèverai, toujours je combattrai les éléments déchaînés, toujours je serai là, et un jour, je m'allongerai, telle une étoile de mer, profitant juste des rayons de soleil sur ma peau, épanouie, sereine, victorieuse !

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