La parole du silence

De moins en moins de choses dites et révélées, de plus en plus de silence, la façon de s'exprimer change.

Plus besoin de mot pour comprendre, moins besoin de discours pour saisir, les manières de prendre la parole se modifient.

Plus de moyens de communication, moins de facilité à dire ses ressentis, le besoin d'ouvrir la bouche se rarifie.

Se taire et mentir, avouer et parler, tant de différences dans les procédés de partage oral.

Du pigeon voyageur à la lettre manuscrite, du mail informatif au texto succinct, de l'appel de longue distance au message virtuel, des réseaux sociaux à la rencontre physique, des centaines d'alternatives pour discuter entre nous.

Mais le temps efface ces mesures de rapprochement.

L'égoïsme et les prétextes inventés font figures de bonnes excuses pour se muer dans le silence.

La parole est d'argent et le silence est d'or.

Cette puissance des non-dits !

Qu'il peut être doux de comprendre la parole du silence, comme elle peut être malsaine si elle est tût par lâcheté.

Toute cette hypocrisie écrite, toute cette perfidie de non sens, ces mots nullement envoyés, ces phrases lues et ignorées, une interaction qui n'est pas sincère et qui demeure motus et bouche cousue.

Pourquoi entrevoir un lien qui n'existe que dans les chimères, et faire de l'espérance d'autrui, une maldonne de plus dans les transmissions des données personnelles.

Employer des termes, ou les effacer du système, pour engendrer au final que des chuchotements à peine audibles.

Disparaître de tout logiciel, parce qu'on a préféré se taire que de parler.

La parole du silence est un don si elle est utilisée à bon escient, mais elle est une offense si on s'en sert de fantôme du présent.

Ma parole n'est pas sacrée, elle est juste le reflet de mon âme, sur la même lignée que mon regard qui en dit long sur toutes mes pensées les plus intimes.

Mon sourire en dit plus ou moins, il masque les pleurs longs de tristesse, et écrase les paroles de peine. Il effleure mon cœur de mille mots pour apaiser les maux qui se sont perdus dans le silence.

La parole de mon silence est juste la réponse de ton silence à mes mots.

Si je ne te parle plus, c'est que tu n'es plus, tu es dans les effluves des phrases muettes illisibles aux yeux du monde éteint des vers poétiques.