Revenir sur ses pas

Devoir se replonger dans des archives mal écrites, dans un agenda stocké parmi les autres, relayant le parcours chaotique de sentiments amoureux.

Devoir tourner des pages et des pages, déchiffrant des mots qui retracent les maux ressentis tout au long d'une année qui découlait des peines, des angoisses et des doutes.

Devoir relire des passages tourmentés des émois contradictoires à la recherche du bonheur qui filait entre les doigts.

Devoir ouvrir des passages où la chair et le cœur sa battaient pour recouvrir les plaies encore béantes de pansements dérisoires.

Je n'ai pas encore résolu le problème d'oubli, ce manque de discernement dans ce capharnaüm de souvenirs emballés grossièrement dans un coin de ma tête.

C'est flou, embrouillé, caché dans du papier bulle, ou masqué par des flots de pensées négatives.

Je n'arrive pas à déceler dans la vérité étalée, les faits relégués au dernier rang, désirant avancer plutôt que reculer.

Il me faut revenir sur mes pas, ceux qui se sont ancrés dans les sables mouvants de mon passé douloureux.

Dans mon sillage, j'emporte avec moi leur peur, leurs questionnements, leur envie de ne plus revivre ces moments d'acharnement.

Sur le sentier qui est derrière nous, les petits cailloux qui nous permettaient de revenir en arrière, ont été dispersés, et la ligne qui se dessinait, se perd au fur et à mesure que le temps passe.

Oublier nous ne pourrons jamais vraiment, mais omettre d'y penser pour aller mieux, est plus facile qu'on y croyait.

Il nous faut revenir sur nos pas, par décision injuste, mais nous ne remarcherons pas sur les traces gravées dans l'asphalte encore chaudes de l'enfer.

Je vais continuer à chercher ce qu'on nous demande de nous rappeler.

Je ferai défiler entre mes doigts ces feuillets dépassés, et j'essaierai de ne pas me tacher de l'encre manuscrite.

Si je retrouve les marques des paroles déjà données, alors je pourrai aider nos mémoires à jouer le replay de nos failles d'antan.

Revenir sur ses pas pour ne pas se perdre demain, mais surtout pas pour remuer ce qui nous a blessé.