L'écharde

Comme un mal qui s'insuffle en soi, dans son corps, dans son cœur et son âme.

Un fléau qui alourdit le poids sur les épaules, lesté de mille pensées et de mille émotions.

Une épine de rose noire enfoncée dans la chair, sous la peau, à peine visible à l'œil nu.

L'écharde qui écorche le doigt, le talon, qui lézarde d'un morceau de bois une infime partie de l'épiderme mais qui empêche de guérir si elle n'est pas retirée.

Une entaille où déferle une goutte de sang, si minime face aux douleurs plus grandes.

Pas de déferlantes hémorragiques, juste un suintement désagréable quand la plaie reste ouverte.

Une inflammation du derme mal soigné enveloppe alors une gangrène naissante face à l'hostilité de l'envahisseur.

L'écharde enfoncée si difficilement enlevée car trop ancrée à l'interne de la masse.

Une faiblesse d'un temps, qui appauvrit petit à petit la force existante.

Ce petit désagrément entrainant un étourdissement passager, lorsque un genou à terre, on essaie de se relever.

Mais nulle calamité dans cette détresse secondaire, face à la volonté d'abattre l'ennemi impuissant.

L'écharde est tenace, mais la grâce suffira à supplanter ce fragment indélicat.

Si le courage est présent, rien ne pourra faire abdiquer le plaignant.

De la victime est naît une culpabilité défaite par la vérité.

Le dérisoire de la situation augmentera l'avantage laissée en place, et c'est sans aucune compassion qu'elle remontera en surface.

L'écharde courbera la tête et oscillera pour se libérer du fardeau retrouvé.